Terre des Hommes – Délégation du Doubs
Pour le droit à vivre dignes

Site de la délégation départementale du Doubs (DD25) de l’ONG Terre des Hommes France

De l’environnement et du sacré

Échanges avec Anne Vignot

Article mis en ligne le 26 juillet 2018

par Anne Vignot, Michel Côme
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Le bien commun

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Avant de poser ma question, je commencerai par une remarque sémantique sur les « biens communs ».

D’abord la notion de bien commun nous vient d’Aristote, et a été reprise par saint Thomas d’Aquin, et assez curieusement on l’a traduite par Res Publica, et c’est devenu république. On en a fait une institution, et maintenant on le détache de l’institution, et on reprend le mot « bien commun ». Et quand nous pensons « bien commun », on est bien dans l’avoir, les ressources, et donc on n’est plus dans l’institution.

La question du sacré

Par ailleurs, vous avez, au cours de votre intervention, prononcé le mot « sacré ». Le plus souvent, on travaille sur le couple homme/ nature. Moi je voudrais qu’on parle d’une trilogie, c’est tout-à-fait différent. Je vais prendre un exemple, vous avez parlé d’arbres... J’ai lu un texte – deux siècles avant notre ère – « On voyait que les combattants allaient d’abord dans la forêt, et chacun avait son arbre, et chacun s’appuyait contre son arbre pour en prendre la force ».

Moi-même j’ai fait de même pendant quinze ans, jusqu’au jour le chêne contre lequel je prenais la force a été coupé... Et maintenant j’essaie de survivre encore un peu sans le chêne.

Ce que je veux dire par là, c’est que quand on voit les anciennes civilisations, et on voit la Pacha Mama dont tout le monde parle, on voit bien qu’à ce moment-là, il y a une transcendance : où il y a un dieu, pas forcément celui d’un monothéisme, mais, disons, une idée divine, il y a une dimension sacrée.

Et donc on voit que le sacré a été évacué dans notre considération du rapport entre l’homme et la nature. Et aujourd’hui, un courant émerge, qui parle de « l’écologie intérieure » de « l’écospiritualité », en disant que le rapport entre l’homme et la nature... il faut aussi que nous y prenions notre part.

Le chêne de Flagey, Gustave Courbe
t https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Le_Ch%C3%AAne_de_Flagey#/media/Fichier%3AGustave_Courbet_-_Le_ch%C3%AAne_de_Flagey.jpg

L’anthropocène : la responsabilité de l’homme.

C’est très clair, vous avez parlé de l’anthropocène, l’homme a cette responsabilité nouvelle, très forte, il se considère un peu comme un prédateur, et on pourrait même ajouter le couple responsabilité/ culpabilité. On le voit bien quand il arrive que de grosses sociétés soient condamnées, il s’agit bien de culpabilité.

Et je pense à un projet en Bolivie, sur lequel j’avais été envoyé pour Terre des hommes, dans la forêt amazonienne, où nous défendions une population ; ils n’étaient pas nombreux, ils étaient 1 026, des Yuracarès. J’étais dans leur capitale, il y avait dix-huit cases, et ils m’expliquaient : « tous les dix-huit ans, nous rendons la nature à la nature ». C’était pourtant en pleine forêt vierge, il y avait des arbres partout, mais ils enlevaient le village, pour le reconstruire ailleurs, par souci de la nature.

Le déni de la dimension irrationnelle de l’homme.

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Parmi les dénis établis par notre société actuelle, avec la science et la technologie, on a nié la pensée spirituelle, dans laquelle on est tous. Des croyances existent, sous toutes sortes de formes... Ce déni-là nous a éloignés du recours à la nature, de cet animisme qui en réalité est pourtant très vivant.

Si on analyse, que l’on décortique nos façons d’être les uns envers les autres, nous sommes bien là dans un rapport, peut-être mystique, au moins irrationnel.

Si un jour vous avez la chance d’aller en Bulgarie, vous verrez qu’il existe encore des rituels qui font descendre de la montagne des gens qui disent porter sur eux la tête d’un aigle, d’un ours... où la société reste en lien très très fort avec le monde animal. Je me permets d’avancer l’hypothèse que si les Yézidis ont été massacrés dans la zone irako-syrienne, vous avez entendu parler de ces jeunes femmes déportées, c’est que ces populations sont entre une approche monothéiste et une approche animiste, avec en particulier une importance accordée au diable.

Lorsque tous ces rapports s’expriment durant une guerre, on n’est pas seulement sur des mécanismes de protection de la ressource, mais il s’agit aussi de la protection de nos croyances, de ce que l’on admet, et de notre rapport aux choses et à la nature, parce que le diable n’est pas que dans les détails.

Et il faut donc le dire, nous sommes faits de cette matière mystique, et il faut accepter de la dévoiler. Peut-être le fait religieux serait-il abordé d’une manière différente.

L’archange yezidi Taous Malek.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Y%C3%A9zidisme


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