Sommaire
- La leçon du Soleil Vert. Même les puissants ne pouvaient pas empêcher les arbres de mourir...
- S’il y a un droit universel, c’est celui à la considération
- Le seul moyen de se faire entendre : « Voilà combien ça coûte. »
- La limite du chiffre : pourquoi privilégier le curatif aux dépens de la prévention ?
La leçon du Soleil Vert. Même les puissants ne pouvaient pas empêcher les arbres de mourir...
Merci de votre exposé. Peut-être certains ici ont-ils vu ce film de 1974, Soleil vert. Dans ce film, un homme extrêmement riche et puissant regarde, comme un diamant, le dernier arbre au monde. J’étais jeune à l’époque, quand je voyais les dégâts environnementaux, c’était l’époque de la campagne de René Dumont, et ce jour-là j’ai compris que même les puissants ne pouvaient pas empêcher les arbres de mourir...
http://www.dvdclassik.com/critique/soleil-vert-fleischer
S’il y a un droit universel, c’est celui à la considération
Face aux chiffres, aux données actuelles, le déni peut difficilement continuer aujourd’hui. Mais vous avez raison, cela prend racine dans nos sociétés dès le départ... Quand on travaille l’histoire, la première chose qui saute aux yeux, c’est combien la société n’évolue pas ! On s’enrichit de technologies, mais en termes de rapport à l’autre, on n’évolue pas.
La plus belle conférence à laquelle j’aie pu assister, c’est la conférence d’un président de l’Université catholique de Lyon, qui était venu expliquer l’origine des textes ; bibliques et autres, expliquer leur origine chamanique. Quand on accepte de regarder les choses, on accepte même ses propre écrits, avec leurs paradoxes, leurs injonctions. Et accepter d’être ce paradoxe, cela est fabuleux. Après, on n’a pas pas le même rapport à l’autre.
Et c’est pour ça que Corine Pelluchon [1] dit que c’est la considération qu’on a de nous-même et des autres qui doit nous permettre de nous élever. C’est cela, la force. S’il y a un droit universel, c’est celui à la considération.
http://www.seuil.com/ouvrage/ethique-de-la-consideration-corine-pelluchon/9782021321593
Le seul moyen de se faire entendre : « Voilà combien ça coûte. »
Sur ces considérations qui nous dépassent, chacun doit envisager sa place dans la nature.
Vous avez dit quelque chose de très juste, c’est que le seul moyen de faire entendre ces considérations c’est par le biais économique. Le moyen de se faire entendre, c’est de dire : « Voilà combien ça coûte », et pas de dire : « Il faut le faire parce que c’est beau ». Et j’ai arrêté de voir cela comme un échec ; maintenant quand je veux quelque chose, je dis combien ça coûte. Parce que je trouve que c’est une manière de se faire entendre. Parce que c’est toujours très désagréable, quand on s’appuie sur des arguments éthiques par exemple, de s’entendre répondre « Mais de quoi parlez-vous donc, il y a des considérations bien plus importantes dans le monde entier, il y a l’économie mondiale ». Et quand on dit combien ça coûte, on a droit à une réaction un peu différente.
Un exemple : Le coût des violences conjugales
Je pense à un thème sur lequel j’ai travaillé, celui des violences conjugales. Les violences conjugales, tout le monde en a marre, on ne veut plus entendre parler des violences conjugales. Et un jour j’ai dit, voilà combien ça coûte, les violences conjugales : ça coûte tant à la Sécurité sociale, ça coûte tant aux services publics, pour faire intervenir les forces de l’ordre, ça coûte tant à la justice... Et à partir de là, peut-être qu’on peut envisager les choses pour réduire ces coûts.
La limite du chiffre : pourquoi privilégier le curatif aux dépens de la prévention ?
La limite du chiffre, c’est... Qu’est-ce qui explique pourquoi on envisage la réparation... Je reprends par exemple le modèle médical : qu’est-ce qui fait que l’on accepte que le coût du curatif a toute sa légitimité, et que le coût de la prévention ne l’a pas ?
Sur ce point, je suis persuadée qu’il y a quelque chose du domaine de l’anthropologie, de ce que l’on est, qui fait qu’on ne veut pas envisager la prévention.
Je trouve quand même incroyable la fusion Monsanto/Bayer. On est capable d’admettre la création d’une entreprise gigantesque, qui va créer de la pollution, et qui en même temps va proposer du curatif. C’est fascinant...
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