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L’Accès à une éducation de qualité [1]
- Marie-Pierre Cattet
Je m’appelle Marie-Pierre Cattet, je suis Déléguée Générale de la Ligue de l’Enseignement du Doubs. Je tiens à excuser mon président, Philippe Claude, qui ne pouvait pas venir aujourd’hui. Je vais vous présenter la Ligue de l’enseignement et son action concernant l’Éducation Populaire.
La Ligue de l’Enseignement, ses origines
Peut-être qu’il faut revenir un petit peu aux origines : 1866, Jean Macé, qui lance un appel pour une « société d’éducation » Il souhaite mobiliser la société pour la création d’une école libre, obligatoire, accessible à tous. C’est le premier combat de Jean Macé, l’éducation de tous. Mais, en même temps Il souhaite porter ce projet pour l’éducation scolaire et également développer l’éducation en dehors du milieu scolaire, en dehors de l’instruction : c’est ce qu’on appelle « l’éducation populaire », dès les origines.
L’éducation populaire
L’éducation populaire c’est l’éducation pour tous, tout au long de la vie. C’est toujours ainsi qu’on la définit aujourd’hui.
Pour tous, ça veut dire pour les enfants, les adolescents, les jeunes, mais aussi les adultes : on n’a jamais fini de s’éduquer. Mettre le paquet sur les enfants, bien sûr, c’est important puisque c’est là que se forment les citoyens de demain. Mais, en dehors des bancs publics, l’éducation doit se faire tout au long de la vie et pour tous, c’est-à-dire toutes les populations, toutes les catégories sociales, tous les milieux.
L’éducation populaire : l’idée c’est qu’aux côtés des familles, qui sont les premiers éducateurs, aux côtés de l’école, il puisse y avoir également d’autres intervenants que sont les associations d’éducation populaire, qui proposent une autre forme d’éducation.
L’un des objectifs de l’éducation populaire, c’est de favoriser l’articulation entre l’émancipation personnelle, c’est-à-dire comment on va construire des hommes et des femmes conscients, et la transformation sociale.
Notre objectif, en tant que mouvement d’éducation populaire, c’est de transformer la société, de faire qu’elle soit mieux vivable pour tous et pour chacun et chacune.
Émancipation personnelle
Quand je dis émancipation personnelle, je pense que ce n’est pas propre à la Ligue de l’Enseignement, c’est vraiment un des objectifs qui traversent l’ensemble des mouvements d’éducation populaire. Mais notre objectif, c’est de faire des citoyens éclairés, ce qui signifie permettre à chacun de comprendre le monde. On l’a vu aujourd’hui, on est dans un monde qui est complexe, les problématiques qui se posent à nous aujourd’hui sont complexes. Les médias ont tenté de les simplifier ; en tant que mouvement d’éducation populaire, notre rôle est de donner des clefs de compréhension pour mieux se saisir des questions.
Former des citoyens éclairés
Il s’agit également – quand je dis former des citoyens éclairés – il s’agit également de permettre à chacun de trouver sa place dans la société, sa place en tant que personne singulière, mais également y participer. Participer collectivement à la construction du monde.
Quelques exemples concrets
Je voudrais vous donner quelques exemples concrets, pour ne pas rester dans la théorie. Mais je vais le faire de façon très rapide, vu le peu de temps qui m’est imparti.
Simplement, nos champs d’action, c’est par exemple favoriser la mixité du public, faire que les personnes qui ne se rencontrent pas, se rencontrent et vivent des expériences ensemble.
On mène actuellement un travail sur Planoise avec des écoles : des classes de CM1 de Planoise, des classes de CM2, des jumelages de classes en fait.
Au sortir de la guerre, il y a eu des jumelages entre les écoles françaises et les écoles allemandes pour qu’il y ait une réconciliation qui se fasse. Là, on fait un peu la même chose, mais entre des écoles de Planoise et des écoles alentour, pour qu’on lève un peu les préjugés, les stéréotypes qu’il peut y avoir de part et d’autre, que les enfants vivent des expériences ensemble pour se rencontrer.
On travaille aussi beaucoup sur la lutte contre les discriminations, comme d’autres mouvements d’ailleurs, comme la fédération Léo Lagrange par exemple, qui est là aujourd’hui.
On essaie aussi de favoriser l’engagement, en particulier l’engagement des jeunes. Le Service Civique est un bon marche-pied à l’engagement pour les jeunes dans la société, pour qu’ils comprennent un peu les problématiques et également le dispositif les « Juniors Associations », où des jeunes qui souhaiteraient prendre des initiatives peuvent être accompagnés.
C’est tout ce qui concerne l’accès à la culture, aux sports, aux vacances.
On est aussi porteur des « écoles de la Deuxième Chance », en particulier du côté de la Bourgogne. Des jeunes qui ont eu des accidents au niveau scolaire, qui ont été mis en échec, qui n’ont pas réussi à rentrer dans le cadre de l’école ou autre, peuvent bénéficier d’une deuxième chance avec un dispositif de formation plus adapté à leur situation, à leurs besoins, à leur réalité. Il leur permet tout à la fois de travailler sur leur projet de vie, d’acquérir les savoirs de base. Et puis, surtout, l’élément principal, c’est qu’ils reprennent confiance en eux. Parce que souvent, ce qui fait échec dans leur parcours, c’est que, ayant été placés hors du système scolaire ou ayant subi des césures ou autres, ils ont perdu confiance en eux-mêmes, perdu confiance aussi dans les institutions. Et donc, à travers ce dispositif, le but c’est aussi celui-là : retrouver confiance en tout cela. …
Donc, je ne vais pas aller beaucoup plus loin aujourd’hui.
Comment agir pour le développement durable ? L’action collective
Je voudrais faire une petite remarque par rapport à cette carte postale qui nous a été distribuée ce matin, que j’ai lue avec attention et que je trouve intéressante, « Comment je peux agir pour le Développement Durable ? ». Je pense quand même qu’il manque un onzième point.
Sur la question du Développement Durable, souvent dans les débats, on se renvoie la balle entre deux niveaux : le niveau individuel pour que l’individu change son comportement, donc, il faut qu’on apprenne à recycler, à se parler, à réutiliser ; le niveau politique, en disant : « C’est aux politiques de prendre en charge… »
Moi, ce que je vois sur le terrain, c’est qu’en fait, c’est aussi par la mobilisation collective et l’engagement dans les associations que le développement durable peut s’implanter. C’est-à-dire que, si on regarde aujourd’hui ce qui nous donne des raisons d’espérer – ce n’est pas des solutions, mais des raisons d’espérer – c’est des initiatives collectives, des associations, des gens qui se sont réunis, et qui se sont dit : « On peut faire quelque chose : je peux faire des … économies d’électricité, chez moi, c’est important, mais je veux aller un peu plus loin. »