Terre des Hommes – Délégation du Doubs
Pour le droit à vivre dignes

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Lettre ouverte au Cirque Plume : De l’art de métamorphoser bedaines et valises migrantes en instruments de musique, de partage et de joie
Article mis en ligne le 30 juillet 2017
dernière modification le 25 août 2017

par Lucile Garbagnati
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Cher Cirque Plume,

chers administrateurs, chers techniciens, chers artistes,

chers faiseurs de rêve et de poésie,

Merci à vous tous qui avez permis à la délégation du Doubs de Terre des Hommes-France de tenir un stand durant vos représentations bisontines du 19 mai au 14 juin.

Merci à la Buvette qui s’est efforcée d’accueillir nos « écocups », merci à l’équipe du Secrétariat, qui a organisé notre accueil, merci à Monsieur Accueil, si souriant, qui nous a aidées à monter notre stand, merci aux Artistes qui sont venus nous rencontrer et nous ont encouragés, merci à Bernard et Pierre Kudlak, pour ces moments de « partage » et de « transmission »de l’expérience humaine, comme ils ne cessent de le dire, transcendée par la poésie de l’envol de la plume.

Vous nous avez reçus car vous considérez, vous nous l’avez dit, que nous défendons comme vous une vision « humaniste » du monde dont l’humain est le centre.

Lorsque vous avez créé le cirque, vous avez pris pour nom et emblème la plume, légère messagère entre terre et ciel. Celui de Terre des hommes, la goutte, représente ce qui peu à peu fend les granits les plus durs, cette eau indispensable à tout ce qui vit. Toujours, il s’agit de « partager » avec nos contemporains, comme l’affirment Pierre et Bernard Kudlak, une même interrogation sur un monde chaotique, un même espoir dans l’avenir, l’Association par des actions pratiques pour que partout dans le monde soient concrétisés les droits humains, le Cirque par la libération de l’imaginaire.

Peurs et légèreté de l’être

Les saisons de La dernière saison donnent à voir, à rêver et à penser les peurs qui nous hantent. Elles sont aussi appel à la gaité, à la beauté, à la tendresse, à cette « insoutenable légèreté de l’être ».

Votre invitation nous a permis d’être les témoins du millier de spectateurs de tous âges, de tous milieux, qui, chaque soir, longue file colorée et babillant, attendent paisiblement un moment d’émerveillement et qui, chaque soir, s’en retournent, pensifs, souvent sans voix, saisis par l’émotion.

L’arbre de la permanence et du changement

Soir après soir le public change, mais l’arbre du fond de scène reste présent alors même qu’un autre se métamorphose par l’essor de feuilles, de plumes, de fleurs, rythmant le temps, invoquant les mythes fondateurs, interrogeant l’histoire humaine, éternel retour ou évolution, questionnant les valeurs qui la fondent.

La lutte contre la pesanteur

Soir après soir le public change, mais la lutte virtuose contre la pesanteur continue à émerveiller : on jongle avec les plumes, on monte dans la lune, on danse sur un fil. Chaque numéro résonne de multiples échos et nous rassure. Le jongleur a rattapé la balle, l’équilibriste, la trapéziste n’ont pas chuté. Elles ont disparu de nos yeux, comme envolées, nous laissant en gage l’infinité du possible.

Le burlesque de l’humaine condition,

Soir après soir le public change, mais il rit toujours autant de situations qu’il a vécues, que de situations imaginaires, plus inventives et burlesques les unes que les autres. Par exemple, les skis qui s’emmêlent, l’altercation du Père Noël et du Père Fouettard, Don Quichotte et Rossinante qui refuse d’obtempérer à la voix de son maitre éveillent souvenirs et réminiscences et ouvrent la voie du symbolique.

C’est en comparant le volume de leurs bedaines que deux hommes leur découvrent une fonction artistique. En les frappant avec doigté, ils créent un nouvel instrument de musique, avec une sonorité nouvelle communicative de réalisme, d’émotion et de rire.

La musique d’univers

Soir après soir le public change, mais il est toujours transporté par la musique omniprésente. Elle est consubstantielle au décor, au même titre que la double apparence de l’arbre. Elle est visible avec la multiplicité des instruments traditionnels d’ici et d’ailleurs dont un superbe piano à queue. Elle est actrice, humoriste, dramatique, inventive lorsqu’elle transforme les abdomens des acteurs bedonnants en tambour, les valises de voyageurs ou de migrants en une sorte de xylophone résonnant au rythme des mains agiles qui les frappent. Elle soutient les numéros, les annonce, les magnifie. Elle invite aux réminiscences. Elle élargit l’imaginaire, engendre l’émotion.

L’autre saison

Soir après soir, La dernière saison se termine par une ultime saison. Après la monstration des quatre saisons, le cycle devrait être clos, mais une autre survient : la dernière, comme il en a été décidé par les créateurs du Cirque Plume. Une vague monstrueuse, des parapluies qui pleuvent des sacs en plastique, puis un kiosque à musique où tous les instruments jouent une sorte de valse pour danseurs aux parapluies lumineux, un couple se détache. La scène est sombre, mais la lumière suit les évolutions de l’homme et de la femme, ils s’enlacent, ils s’attirent et s’éloignent dans une forme de tango sans fin.

Le temps suspendu

Soir après soir, La dernière saison, laisse le spectateur pensif, le renvoie à son questionnement sur le destin, celui de l’humanité et le sien propre. Les applaudissements sont comme suspendus, puis ils éclatent avec la force de la gratitude du public.

L’alchimie de la transmission

Soir après soir, le Cirque Plume accomplit auprès de tous sa mission de « transmission » de l’interrogation sur le monde, sur les valeurs, par la poésie d’un spectacle total à la beauté simple et raffinée. Son alchimie savante de musique, de numéros de cirque, de lumières, de dramatique et de burlesque unit le public dans le souffle d’un moment de féérie partagé ; elle crée une attention fraternelle à la fragilité, celle des acteurs, celle de chacun des spectateurs, celle de la planète. Elle réalise la fonction de l’art qui ouvre les ailes à tous les possibles.

Demeure le passage de l’émotion à l’action, c’est ce que propose Terre des hommes pour concrétiser cet « humanisme » dans lequel nous nous reconnaissons.

Encore merci, cher Cirque Plume, de nous rappeler que l’être humain est libre, mais que pareille à ces virtuoses du corps, cette liberté est fragile et exige d’être protégée. Ces quelques vers de Maïakovski pour reconnaître notre commune envie fraternelle :

Nous sommes les bâtisseurs des terres,

les décorateurs de planètes

Nous sommes des faiseurs de miracles

Mystère Bouffe

Besançon le 30 juillet 2017

Lucile Garbagnati

Terre des hommes France, Délégation du Doubs



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