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Les droits de l’homme, une réflexion en constante évolution
Commentaire relu par son auteur, Rémy Gaudillier

Il faut rappeler que le Complément à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, élaboré par la Ligue des Droits de L’homme et du Citoyen en 1936 allait plus avant que la Déclaration universelle des Droits de l’homme de 1948. Par exemple :
Article premier : « les droits de l’être humain s’entendent sans distinction de sexe, de race, de nation, de religion ou d’opinions... »
Article trois : « Le droit à la vie comporte le droit de la mère aux égards, aux soins et aux ressources que nécessite sa fonction... le droit de la femme à la suppression intégrale de l’exploitation de la femme par l’homme... »
D’autres points étaient également précisés :
Article 7 : « La liberté des opinions exige que la presse et tous les autres moyens d’expression de la pensée soient affranchis de la domination des puissances d’argent »
Article 10 : « Les droits de l’homme condamnent la colonisation accompagnée de violence, de mépris, d’oppression politique et économique. »
Source : Les Droits de l’Homme, Anthologie proposée par Jean-Jacques Gandini, (Librio texte intégral.)
La comparaison des textes permet de comprendre le décalage entre la position d’une élite et celle de la majorité .
Il faut attendre décembre 1979 l’adoption par l’ONU de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes.
(Photo : ONU Photo/Nayan Tara.) http://www.un.org/fr/women/cedaw/about.shtml
Déclaration universelle des Droits de l’Homme ou Déclaration universelle des Droits humains ?

D’une participante membre d’Amnesty international
Plus qu’une question, une remarque. Je fais partie d’Amnesty International, et depuis longtemps maintenant, quand on parle de cette Déclaration, on parle de la « Déclaration universelle des Droits humains » ; « droits de l’homme », c’est simplement une mauvaise traduction... Donc le début de votre intervention m’a fait frissonner... Et 90% des articles parlent d’« individus » et de « personnes », ce qui inclut bien les femmes.

Bien sûr... C’est ce que je disais : on est content de voir que dans la plupart des articles, il n’y a pas de différentiation ; mais là où elle intervient, c’est uniquement pour ces cas autour de la maternité ; alors que parfois d’autres différentiations, plus utiles, pourraient être mises en avant, en faveur des femmes. Et aujourd’hui quand on parle des droits de la femme, on nous colle tout de suite une étiquette très agressive, pas du tout justifiée.
On a considéré la femme, dans le droit, depuis moins d’un siècle. L’égalité en droit dans les régimes matrimoniaux date de 1965, et 1985, il y a seulement trente ans. En droit de la famille, les années 1970, pour l’égalité dans l’autorité parentale, le nom de famille (2002), le viol entre époux (2004), c’est extrêmement récent.
On a traîné des différentiations en droit entre hommes et femmes très longtemps, et il y en a encore énormément dans le monde.
Alors certes, la Déclaration a été complétée par la suite, par exemple par une Déclaration des droits de l’enfant. Mais une Déclaration ’universelle’ qui doit être complétée pour pouvoir s’appliquer à tous, c’est qu’elle n’était pas si universelle...
J.P Bugada :
La déclaration est synthétique, il y a ensuite bien des textes qui viennent la préciser et la compléter.
L’action citoyenne pour faire évoluer la loi
Lucile Garbagnati
La Déclaration remonte à 1948 : universelle malgré la Guerre froide, mais en France, les femmes venaient tout juste d’obtenir le droit de vote. Donc notre point de vue est pris dans le temps... et c’est l’action des citoyens et des citoyennes qui fait que la loi évolue.
Dans l’histoire, pensons par exemple à Olympe de Gouge lors de la Révolution française. Dans l’actualité de TDHF, nous avons des programmes qui défendent le droit des femmes, en particulier pour tout ce qui concerne l’application de la législation du travail, la lutte contre les violences en particulier le viol. ...
Et en 1948, le texte de la Déclaration est porteur des espoirs, mais aussi des pesanteurs de l’époque.
Les femmes et la guerre

Je voudrais faire quelques remarques.
Cette Déclaration a été élaborée après la fin de la deuxième guerre mondiale. Or ce sont les hommes qui font la guerre, les femmes presque pas ! [brouhaha dans l’assistance]
Cependant, je vais rappeler sur ce point de la guerre, quelques mot d’une ministre japonaise qui s’appelait Raisho, qui disait que l’homme, on l’envoie à la guerre, à la guerre il tue, et c’est sa gloire. Tandis que la femme, elle met au monde des enfants, il y a aussi du sang qui coule, et c’est le sang de la honte.
Dernièrement aussi, on a parlé des casques bleus en République Centrafricaine, dans des endroits où je suis allé on a pensé qu’il y avait eu des viols, viols d’enfants et viols de femmes, et j’ai parlé avec quelqu’un qui s’y connaît mieux que moi sur ces problèmes, et qui m’a dit que toutes les armées du monde, toutes, sans aucune exception, ni la française, ni l’américaine, toutes les armées violent, et que les supérieurs laissent cela se produire, pour admettre soupape de sécurité

- Pendant la guerre d’Algérie, on n’a jamais parlé de ’soupape de sécurité !’
- Pendant la guerre de 14, on a interdit aux femmes de faire le métier militaire. Et celles qui ont réussi à se battre l’ont fait avec des stratagèmes... Mais c’est les hommes qui n’ont pas voulu que les femmes se battent.
- La première personne qui a bombardé les allemands, c’était une femme déguisée en homme...

L’ONU commande régulièrement des rapports sur la question. Elle mène une politique de tolérance zéro des relations sexuelles entre les Casques bleus et les populations qu’ils sont censés protéger, sans pour autant les interdire, ce qui laisse une marge d’interprétation aux soldats déployés sur le terrain.
Entre 2008 et 2013, 480 cas d’abus ou d’exploitations sexuelles ont été recensés au sein des Nations unies, et un tiers de ces cas implique des mineurs. Pour la première fois dans un rapport, le bureau des enquêtes internes pratique la politique du « naming and shaming » qui consiste à nommer et dénoncer les pays dont les ressortissants se sont rendus coupables de tels actes et à venir en aide aux victimes », L’ONU doit par ailleurs s’en remettre aux pays d’origine des coupables et aux juridictions nationales pour les sanctions, ce qui entraîne « de très grandes disparités selon les Etats ». Les civils sont le plus souvent congédiés tandis que soldats et policiers sont renvoyés dans leur pays avec interdiction de participer à une autre mission onusienne
Voir par exemple :
Un rapport de l’ONU dénonce les comportements des casques bleus en mission
Le mariage forcé
Vous avez parlé de mariage forcé, qui concerne 700 000 000 personnes. J’ai une voisine camerounaise, à Colmar, qui a créé une association pour la défense des jeunes filles concernées, notamment au Cameroun et au Tchad, en relation avec l’Unicef, avec Amnesty international...Et elle a envoyé des courriers à deux ministres au Cameroun, notamment à la Ministre des Affaires Sociales.

Plus qu’un problème de législation, c’est un problème d’éducation.