Terre des Hommes – Délégation du Doubs
Pour le droit à vivre dignes

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Une déclaration des droits mais aussi des devoirs

Échanges avec Anne Vignot

Article mis en ligne le 26 juillet 2018

par Alain Caporossi, Anne Vignot
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Une déclaration des droits mais aussi des devoirs

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Ce qui vient d’être dit fait écho à une chose qui a été dite dans la matinée une fois et une seule : la notion, par rapport à celle des droits de celle des devoirs. Par exemple l’Inde, la Chine, de vieilles civilisations, à la fois spirituelles et philosophiques, sont attachées au jumelage des deux notions.

Presque personne ne sait et cela n’est jamais évoqué, que pendant plusieurs mois qui ont précédé la Déclaration universelle, dans sa rédaction actuelle en décembre 1948, il y a eu une période où à la fois l’Inde et la Chine auraient souhaité développer l’idée que l’on parle d’une « Déclaration des droits et des devoirs humains. » Les voix de ces deux pays n’ont pas été entendues. L’Inde venait d’être libérée du colonialisme, la Chine encore gouvernée par le Kuomintang vivait une guerre civile après l’occupation japonaise… Les deux gouvernements avaient d’autres priorités et ils ont laissé tomber, mais dans leurs civilisations, ces deux notions sont indissociablement liées.

Et de même qu’on a parlé ce matin des devoirs qui incombent à nos sociétés en termes politiques, sociaux etc. De même ce qui vient d’être dit par Anne Vignot montre qu’en matière d’environnement, c’est probablement là un nouveau devoir de l’humanité vis-à-vis des générations futures. Ce n’est peut-être pas seulement en terme de droit que l’on pourra régler ces questions. Il faut faire prendre conscience aux opinions des différents pays que ces deux notions sont intimement liées.

Par exemple, les asiatiques considèrent que l’égalité – qui nous est si chère, dans la devise républicaine – est une notion qui ne tient pas la route. Par exemple, en parlant de l’être humain, ils considèrent qu’un enfant, son père et son grand-père ont droit à un respect égal de leur dignité, la « face », en dépend, c’est une notion importante dans tout le monde asiatique, que ce soit le monde indianisé ou le monde sinisé. Mais, indépendamment de cette dignité égale due à chacun, cela leur semble absurde de considérer ces trois personnes comme « égales. »

Et lorsque la déclaration « Universelle » des droits de l’homme a été adoptée on n’a, de fait, pas pu ou pas voulu entendre, dans ce contexte de la fin de la deuxième guerre mondiale, les propos des deux pays qui, à l’époque déjà, étaient les deux pays les plus peuplés au monde. Le monde sinisé et le monde indianisé ont une aire de développement qui s’étend sur toute l’Asie, le continent le plus peuplé du monde... Déjà à l’origine, de mon point de vue – mais les juristes auront peut-être une réponse à apporter – il y a un point essentiel à considérer, et j’insiste sur cette notion de devoir, pour l’humanité présente, vis-à-vis des générations futures.

Les droits et devoirs fondamentaux des citoyens est le deuxième chapitre de la Constitution de la République populaire de Chine. Ce chapitre de la Constitution chinoise contient 56 articles définissant les droits dont chaque citoyen chinois jouit tout en précisant les devoirs que chaque citoyen doit défendre en échange des avantages de cette citoyenneté.

http://www.inelinsa.com/les-droits-et-devoirs-fondamentaux-des-citoyens/

JPEG - 161 ko Le souci, c’est que quand on voit le droit tel qu’il s’applique à travers les normes sur le territoire, une fois qu’on a dit tout ce qu’on vient de se dire, lorsque par exemple on écrase une zone humide, alors que plus de 60% des zones humides ont déjà disparu, si on applique le droit, la loi dit : ou vous évitez d’écraser la zone humide, ou vous réduisez l’impact exercé sur cette zone humide, ou vous compensez sa disparition.

Et d’un seul coup on se projette dans un monde de la compensation qui est plutôt un monde économique qu’un monde de droits et de devoirs. On en arrive à se demander combien pèse une zone humide ; peut-elle être achetée ? Et si on ne refait pas la même, on la fait autrement, on fait autre chose ? C’est cela, aussi, qui est intéressant : on est aujourd’hui dans une société qui a cassé le rapport homme/ nature, puisque la technologie s’est imposée, et que le système économique dans lequel nous nous trouvons ne permet plus de penser ce rapport.

Alors ce qui est intéressant, ce sont les injonctions paradoxales qu’émettent les États, que ce soient des États d’Asie, ou les États occidentaux, qui disent devoirs, droits etc. mais qui en même temps ramènent ces droits et ces devoirs à des concepts d’échange économique, à une capacité à acheter, à racheter la nature...

On sait qu’aujourd’hui, certains se posent la question de savoir, si la biodiversité devenait extrêmement rare, elle deviendrait extrêmement précieuse, elle pourrait se vendre à prix d’or ! Vous voyez que quand on est dans ce rapport-là, on n’est plus dans un rapport d’harmonie... C’est pour ça que les principes que vous avez énoncés sont importants, mais qu’il faut pouvoir les mettre en rapport avec ces logiques économiques, pour qu’on puisse discuter, et demander, par exemple, combien coûte la disparition d’une zone humide ? « Question stratosphérique », m’a-t-il été dit...

http://www.hec.fr/Knowledge/Environnement-des-Entreprises/Droit-Regulation-et-Institution/Le-Capitalisme-face-a-la-crise-ecologique-Comment-le-systeme-economique-peut-il-integrer-cette-contrainte

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Ça me rappelle cette remarque de Kennedy : « Vous êtes sans cesse à vous demander ce que l’État doit faire pour vous, sans jamais vous interroger sur ce que vous pouvez faire pour la collectivité »

JPEG - 161 koOn voit bien qu’en démocratie, on s’interroge sur la place des citoyens, sur la place des organismes, des syndicats... Ces structures se posent des questions, et les individus doivent s’en poser aussi. Dans une société qui s’est complètement individualisée, la responsabilité est aussi importante de la part de l’individu. On ne peut pas se contenter de refuser la société capitaliste, il faut agir pour changer de modèle de société. Après, à chacun ses responsabilités, mais on a quand même la chance de pouvoir s’exprimer, je crois, encore... Donc il faut le faire !

http://jeunes.gouv.fr/IMG/arton3361.jpg


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