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La limite des règnes : végétal, animal, minéral
Tout d’abord, en tant qu’organisatrice, je tiens à te remercier pour cette présentation à la fois sincère, personnelle, théorique, qui renvoie bien à la question « utopie ou réalité ? » sur le droit universel à l’environnement.
J’ai une première remarque sur la question des limites, qu’on retrouve dans le Bouddhisme, dans la pensée grecque traditionnelle, au VIIIème siècle avant notre ère, que ce soit celle d’Homère ou celle de Pindare, qui disait que « l’homme est le rêve d’une ombre »
Quand on parle du vivant, on parle toujours de l’homme, des animaux, on ne parle pas des plantes. À titre très personnel, je considère une plante comme aussi vivante qu’un petit chat... et même une pierre. Ce n’est certainement pas vivant comme moi je le ressens, mais les plantes, les pierres, font partie du même univers, de ce qui compte. Et il me semble que c’est un peu difficile de limiter la réflexion à ce qui nous est proche ; vis-à-vis des animaux, nous sommes dans un rapport à la fois affectif et utilitaire. Il s’agit de s’interroger sur les limites entre les règnes, végétal, animal, minéral.
Un univers où nous vivons, avec lequel nous interagissons, et que l’on doit respecter...
J’ai parlé de l’animal, mais je suis allée jusqu’au végétal, en prenant l’arbre comme exemple. La question que tu poses, c’est la limite et, bien évidemment, cette question est philosophique... Quel est l’univers dans lequel nous nous trouvons ? Un univers où nous vivons, avec lequel nous interagissons, et que l’on doit respecter...
L’extractivisme
Par exemple, la pierre est une ressource ; au début de mon intervention, j’ai dit qu’il fallait s’interroger sur la question de l’accès aux énergies fossiles, et actuellement à l’uranium. On sait combien de peuples ont été déplacés pour permettre d’exploiter l’uranium, et considérez encore, c’est plus terrifiant, ce qui se passe pour les terres rares, ces éléments qui permettent de constituer cette armature numérique dont on nous dit qu’elle sera l’avenir... J’ai le sentiment – je me trompe peut-être – qu’on trouvera une limite à notre société par le numérique, qui accélère notre consommation d’énergie, notre consommation de matières premières etc.
Et quand on accède à la matière première, on touche à tout ce qui se passe dans cette matière, et donc on a du vivant, des bactéries, du végétal, de l’animal, et puis on a la société humaine. Savez-vous que pour sortir les terres rares, il y a un camion qui peut mettre 18 heures ou 24 heures pour sortir de cette carrière, et sur son tableau de bord le chauffeur peut voir s’afficher l’évolution du cours de bourse de sa cargaison. Des fortunes sont gagnées ou perdues durant seulement le temps nécessaire pour sortir de ces immenses carrières, qui font des trous incroyables, au Mexique, ou dans certains pays asiatiques...
La forêt
Et, bien sûr, la forêt, ces massifs forestiers qui sont en train de disparaître, c’est un lieu de très grande biodiversité, mais surtout, et on va le vivre de façon extrêmement violente, on n’est plus dans la période industrielle au cours de laquelle on émettait du carbone... cela continue, mais ce n’est pas le seul enjeu : en détruisant ces massifs forestiers, on est en train de détruire un des grands moteurs de dépollution. Il y a donc le moteur industriel, qui émet les gaz à effet de serre, le moteur océanique dont on sait qu’il est fondamental, et le moteur forestier. La destruction de la forêt est un des éléments qui font qu’on est actuellement en train de démultiplier le processus du changement climatique.
Quelques vidéos :
Les déplacements des sociétés humaines
Et, on n’a pas parlé de cela, mais les déplacements de sociétés humaines sont à redouter, j’ai parlé tout à l’heure à des montpelliérains qui sont ici, je vous invite à revoir par exemple l’histoire de Narbonne, qui était un port romain, qui s’est retrouvé ensablé, la Camargue, qui va voir revenir le mer avec la montée des eaux... On croit que c’est l’Indonésie, ou des îles lointaines dont les habitants vont devoir se déplacer, mais Agde, tous ces endroits que nous connaissons pour y aller en vacances, vont être massivement entamés par la montée des eaux, étant donné les destructions massives que l’on fait subir aux massifs forestiers.
Donc oui, le végétal a toute sa place !